Belle et rebelle

Déjà, son design fort, unique dans la catégorie, mais aussi ses beaux matériaux et le prestige de son étoile lui vaudront une cote forcément élevée à la revente. Mais surtout, à dotation et motorisation égales, cette originale variante break s’affiche seulement 1 900 € de plus que la CLS « normale », ce qui reste raisonnable pour un tel surplus d’exclusivité. Ceci est encore davantage le cas lorsqu’elle reçoit, comme sur notre version d’essai, le formidable V8 biturbo concocté par le département sportif AMG. Véritable concentré de hautes technologies, ce bloc synthétise tout le savoir-faire de la maison. L’injection directe d’essence à jet dirigé (avec injecteurs piézoélectriques), la suralimentation biturbo, mais aussi la distribution à 4 soupapes avec calage variable des arbres à cames, ou encore le refroidissement d’air de suralimentation avec échangeur air-eau, contribuent à renforcer à la fois la puissance et l’efficience.


Essai - Mercedes CLS Shooting Brake 63 AMG : breakfast

Bref, voilà donc un moteur incroyable, en adéquation avec cette ligne superbe… jusqu’à la courbe de puissance ! Pensez donc : grâce à sa cylindrée confortable de 5,5 litres (5 461 cm3), ce V8 développe pas moins de 525 ch (à 5 250 tr/mn) et délivre un couple de remorqueur de 700 Nm dès… 1 700 tr/mn ! Vous avez du mal à percevoir ce que cela fait à l’usage ? Imaginez-vous dans le rôle d’un élastique tendu à mort, qu’on lâche d’un seul coup. Dans les faits, cela donne le sprint du 0 à 100 km/h couvert en tout juste 4,4 secondes… soit un temps comparable à celui d’un coupé sportif haut de gamme, mais limité à seulement 2 places !


Étoile filante

Elle sait pourtant rester discrète en ville, et même faire oublier sa formidable force de frappe, en évoluant sagement au couple, sur un filet de gaz. Les 7 rapports de la boîte automatique Speedshift s’égrènent le plus tranquillement du monde, en douceur, sans le moindre à-coup. Seul un bruit sourd, craché par les 4 sorties d’échappement rectangulaires, trahit la vraie nature de cette CLS à deux visages. Un bruit fabuleux, qui devient plus présent lorsque le V8 est en pleine charge, à l’approche des 4 000 tr/mn. En une poignée de secondes, vous voilà un « délinquant routier », en train d’évoluer dans un autre monde, qui n’appartient habituellement qu’aux meilleures GT (250 km/h maxi). Tassée sur ses roues arrière, cette imposante propulsion frôlant les 2 tonnes (1 955 kg), semble aussi légère qu’une frêle Lotus, tant l’agilité et les accélérations prodiguées sont saisissantes. Le tout dans un confort… très Mercedes. Mais rien n’est figé sur cette CLS multicarte.


Une molette, présente sur le tunnel de transmission, permet en effet de paramétrer l’auto, selon son humeur bien sûr, mais aussi en fonction des conditions météo. Bonne idée car si, par temps sec, la redoutable CLS 63 AMG Shooting Brake peut tenir la dragée haute à une Audi RS6 Avant équipée du quattro, il n’en va pas de même sur chaussée humide. Là, le meilleur système de sécurité reste d’abord… le pilote. Dans ces conditions difficiles, on sent parfaitement les dérobades du train arrière à la moindre franche accélération, ce qui impose une conduite « propre », sur des œufs, pour gérer le débit de puissance. Pour ne rien arranger, les grosses roues de 19 pouces restent un handicap sous la pluie, étant particulièrement sensibles à l’aquaplaning. Et sur la neige ou le verglas, la sagesse vous imposera de laisser cette auto… au garage. Si tout cela peut rendre la conduite vivante et ludique, Mercedes, conscient de ces lacunes, va bientôt adapter sur cette sulfureuse variante 63 AMG la transmission intégrale 4Matic. Espérons que, dans la foulée, le bien nommé « Pack Performance AMG » disponible exclusivement pour l’instant que sur la CLS berline (qui pousse le V8 à 557 ch pour 800 Nm de couple !), sera également au programme.


Essai - Mercedes CLS Shooting Brake 63 AMG : breakfast

Ce n’est pour l’heure pas le cas, mais rassurez-vous, il y a assez de pur-sang dans l’écurie pour vivre une chevauchée fantastique, inoubliable. C’est d’ailleurs heureux, car en s’affichant à 133 000 €, sans compter le malus écologique, bien sûr maximum (6 000 € !), la CLS 63 AMG Shooting Brake fait payer au prix fort ses services. C’est vrai, mais ce tarif, bien qu’astronomique pour le commun des mortels, n’est pas plus indécent que chez la concurrence directe. Et surtout, seule cette fabuleuse Mercedes parvient à offrir, en plus, une telle élégance sans rien sacrifier aux aspects pratiques. L’exclusivité en plus…