Voici 60 ans, Peugeot opérait une révolution de velours avec sa 204
D’apparence conservatrice, la Peugeot 204 est pourtant hi-tech pour son époque, avec ses roues avant motrices et sa suspension à quatre roues entièrement indépendantes. Sans elle, la firme de Sochaux n’aurait jamais pu devenir un grand généraliste

On a un peu oublié la 204, qui a été la seule Peugeot de route révolutionnaire. Un adjectif que l’on attribue plutôt à Citroën, et pourtant ! La sochalienne se signale par une somme de technologies avancées assez invraisemblable, sans en avoir l’air. Elle apparaît en avril 1965 sur un marché français où les petites familiales nationales sont soit sous-motorisées (Citroën Ami 6) soit techniquement banales, voire archaïques (Simca 1300, Renault 8).
Les étrangères, en revanche, apportent des idées neuves, telles l’Autobianchi Primula, une traction à moteur transversal et hayon arrière, et surtout l’Austin 1100, elle aussi à moteur transversal mais dotée de quatre roues indépendantes. Cette dernière, apparue en 1962, hérite de l’architecture de la Mini, qui a impressionné les dirigeants de Peugeot. Ceux-ci ont compris non seulement l’importance à venir de son segment de marché, gonflé par une classe moyenne en pleine expansion, mais aussi la pertinence de la transmission aux roues avant, du moins sur des autos pas très puissantes.

Alors, le constructeur casse sa tirelire et change tout. Déjà, le moteur. La 204 reçoit un bloc conçu depuis une feuille blanche. Tout en alliage et doté d’un arbre à cames en tête, il paraît ultramoderne, surtout face au vieux bloc culbuté de la 403. Codé XK, cet 1,1 l développe 53 ch, de quoi emmener la petite berline à 138 km/h, ce qui est très convenable alors. Dans le même carter que ce 4-cylindres implanté en travers se trouve la boîte de vitesses, une solution très inspirée de celle des Mini et Austin 1100…

Ensuite, Peugeot va plus loin en dotant la 204 de jambes McPherson, une première sur une traction ! Cette idée, tout le monde va la copier, à commencer par Fiat sur sa 128. La française a aussi droit à des roues arrière indépendantes, là encore de l’inédit chez son constructeur, qui sortira encore de ses habitudes en équipant la 204 d’une structure monocoque à zones de déformation programmée. Là encore, en 1965, c’est inédit à ce niveau de gamme.

Pour le design, Peugeot s’est adressé à Pininfarina qui a produit un dessin intéressant, même s’il recyclait l’avant de son concept Cadillac Jacqueline de 1961. Paul Bouvot, au bureau de style du lion avait pourtant proposé énormément de croquis, corrigeant d’ailleurs celui de la maison italienne pour le rendre plus aérodynamique.

Très confortable, compacte mais plus spacieuse que la 404, et dotée d’un bon rendement, la 204 est bien accueillie par la presse. Cela dit, ses ventes démarrent assez platement, à cause d’un prix un peu élevé et d’un équipement réduit : chez Peugeot, un sou est un sou. Mais la montée en puissance sera rapide. Dès la fin 1965, la 204 se décline en break, puis en 1966, l’équipement s’enrichit alors qu’un coupé et un cabriolet, charmants et dessinés par l’équipe de Bouvot. Et en 1967, la Peugeot innove encore en recevant le plus petit moteur diesel de série au monde, un 1 255 cm3 de 40 ch. Hélas, il se révèlera très peu fiable (oui, pire que le Puretech !).

Par la suite, la 204 va moins évoluer, ce qui ne l’empêchera pas de devenir la voiture la plus vendue en France en 1969, 1970 et 1971. Ce, alors que la concurrence a vivement réagi, Simca 1100 en tête ! La sochalienne quitte la scène en 1976, produite à 1 604 296 exemplaires. C’est estimable mais pas considérable, sauf si l’on se dit que ce chiffre inclut surtout une clientèle nouvelle pour Peugeot, qui a ainsi pu fortement accroître ses ventes totales en s’élargissant vers le bas, ouvrant ainsi la voie à la 104.

De plus, de la 204, on a extrait la 304, qui n’en est qu’une variante plus chic, puissante et longue, elle-même débouchant sur la 305, qui utilisera jusqu’en 1982 des moteurs issus de ceux de la 204. Celle-ci a aussi réhabilité les chiffres en 200 chez Peugeot : les 205, 206 et 208, de grands succès, lui doivent beaucoup !


















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