L’article publié il y a quelques semaines par Olivier Pagès, et consacré au retour de la signature Gordini chez Renault a suscité de nombreuses réactions parmi vous, chers lecteurs. Et pas des plus flatteuses...

Il m’est donc venu à l’idée de débattre avec vous de cette tendance dans l’univers du marketing, qui consiste à ressortir des cartons de vieux produits à succès, et de les remettre sur le marché après un petit lifting : le « néo-rétro ».

A la fin du mois de novembre 2009, Renault dévoilait en grandes pompes sa Twingo RS associée à l’appellation Gordini, du nom du célèbre préparateur automobile Amédée Gordini, responsable du département compétition de la marque au losange dans les années soixante et soixante-dix, s’illustrant grâce aux succès de la R8 Gordini. De 1957 à 1979, Renault avait par ailleurs vendu près de 200.000 véhicules siglés Gordini.

[Dossier] Tendances marketing : back to basics

Alléchante sur le papier, la Twingo RS Gordini, qui sera suivie d’une Clio RS Gordini, et d’une Mégane Gordini, déçoit par la frilosité de sa motorisation, qui ne se distingue en rien des séries Renault Sport. Lors de sa conférence de presse, Eric Zubber, Directeur Marketing, Marque, Brand et Promotion de la marque a tenté de s’expliquer. Selon lui, contrairement aux années 60 et 70, « le contexte a changé, ajouter de la radicalité à nos véhicules sportifs en marginaliserait la diffusion. Nous cherchons au contraire à développer nos ventes ». « Les véhicules RS ont toutes les qualités des valeurs historiques de Gordini, elles sont performantes, gagnent les matchs, donc pas de modification techniques, la griffe Gordini introduit un design qui capitalise sur la french touch ». « Celle-ci a l’avantage d’être trans-générationnelle, très à la mode chez les jeunes, et en même temps, elle va raviver les bons souvenirs des quadras et des quinquas ».

La signature Gordini est certes identifiée à sa couleur bleue et à ses deux bandes blanches sur le capot. Elle est pourtant aussi largement marquée par la dimension sportive qu’apportait ce bon vieux Amédée à la gamme du constructeur français. Ce qu’a assumé BMW en équipant virilement ses Austin en équipant virilement ses versions Cooper S par exemple, Renault ne l’a pas fait, au risque de donner l’impression à son public de le prendre pour une bille.

Cette volonté de ne pas cibler les puristes sportifs, mais de donner à la Gordini une dimension « sport chic » conduit ainsi nos confrères de Challenges.fr à titrer sur « Une renaissance en demi-teinte ». Sûrement la faute à l’air du temps, qui conduit certains constructeurs grands publics à sacrifier la sportivité de leurs modèles aux impératifs écologiques. En tous cas, on espérait mieux. Comme l’affirme justement Automobile-Sportive.com, « Tous ceux qui attendaient de voir un équivalent de la Mégane R26.R sous le blason du sorcier peuvent aller pleurer ». Et il suffit de vous lire, chers lecteurs de Caradisiac, vous les vigies de l’univers automobile, les juges intransigeants de la qualité de l’industrie auto française, pour comprendre que les retombées d’une telle opération ne seront probablement pas que positives.