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La beauté des laides - Honda HRV : la "machine à joie" ne méritait pas ça

Dans Rétro / Autres actu rétro

Michel Holtz

À la fois SUV, coupé, break, 4x4 et citadin, le premier Honda HR-V voulait en faire trop. Résultat : il n'a pas fait assez de ventes et n'a pas été renouvelé après 5 ans de bons et loyaux services. Honda a attendu 10 ans pour lui donner une descendance totalement différente. mais la Joy Machine (c'était son vrai nom) était bourrée de qualités.

Derrière ce physique curieux se cache une "machine à joie". Si si.
Derrière ce physique curieux se cache une "machine à joie". Si si.

La naissance d'un genre se produit souvent dans la douleur et les errances. Et l'éclosion, à l'aube des années 2000, du SUV tel que nous le connaissons n'a pas échappé à la règle. Ces tâtonnements, Suzuki en a fait les frais avec son malheureux X90, tentative de 4x4 - cabriolet, mais un autre Japonais s'est également attelé à la conception d'une auto haute sur pattes différente. Le Honda HR-V mélange les genres, comme tous les SUV. Mais il l'a fait dans un joli désordre. Coupé ? Break ? 4x4 ? Citadine ? Il est un peu tout cela, dans un joyeux fourre-tout, à même de perdre les clients du constructeur, habitués à de classiques Civic, ou à un CRV premier du nom qui affirmait sa ligne et ses ambitions de SUV baroudeur sans complexe, et sans chercher à plaire à une clientèle spécialement jeune et urbaine.

le concept car J-WJ préfigurait le HR-V en 1997.
le concept car J-WJ préfigurait le HR-V en 1997.

C'est justement cette nouvelle clientèle que Honda cherche à séduire en Europe. À Munich, BMW concocte en douce une résurrection de la Mini. Plus haut, à Wolfsburg, Volkswagen cherche à en faire autant avec sa Beetle et à Turin, Fiat s'apprête à lancer une nouvelle version de la 500. L'objectif visé par les trois marques ? Les young urban people, qu'on appelait à l'époque yuppies et qui ont pour dénominateurs communs d'être jeunes et urbains, évidemment, mais aussi d'être suffisamment riches pour acheter des autos plaisir, sans pour autant s'encombrer de sportives. Toyota commence à capter cette population nouvelle avec son Fun Cruiser devenu Rav4 et Honda aimerait bien, lui aussi, s'offrir une part de ce gâteau.

Des sessions de brainstorming-bamboche

À voiture différente, manière de la concevoir différente aussi. On est en 1995 et plutôt que d'en passer par la voie traditionnelle du bureau d'études, de projets et de style, Honda réunit un groupe de jeunes ingénieurs et designers censés être représentatifs des clients de la future auto. Ils n'ont qu'un mot d'ordre : "partez en week-end, faites la fête, et au bout de quelques-unes de ces cessions de brainstorming-bamboche, ramenez-nous un projet viable." Le résultat est tombé quelques mois plus tard et si l'on ne connaît pas l'état physique, et la gueule de bois, des rescapés, on connaît au moins le nom de l'auto qu'ils ont concocté : le J-WJ. Un concept car en est aussitôt tiré et il est exposé au salon de Tokyo fin 97, avant de prendre le chemin de Genève ou les Européens le découvrent au printemps 98.

Les visiteurs ne tombent pas à genoux devant l'engin, mais personne n'est rebuté par les lignes. Seul le nom de l'auto semble quelque difficile à retenir. Le J-WJ passe donc en production avec un nom un peu plus facile à prononcer : HR-V (hybrid recreative véhicle). Mais ce véhicule hybride et récréatif se voit affublé d'un second nom de baptême, plus long, mais il se veut plus jeune et fun : Joy Machine. La "machine à joie" débarque dans le réseau européen fin 1999, et dès son arrivée, les concessionnaires ont le pressentiment qu'elle ne sera jamais la Honda la plus vendue du vieux continent.

"Jure-moi que tu vas le revendre".
"Jure-moi que tu vas le revendre".

Les jeunes urbains n'adhéreraient-ils pas à la joie de la machine ? En tout cas, ils n'adhèrent que très moyennement à une voiture haute sur pattes de 4 m de long, uniquement disponible en 3 portes, avec un habitacle de qualité moyenne, un unique bloc essence de 1,6 l et 105ch consommant plus de 8 l/100 km alors que le diesel est omnipotent. En y ajoutant un style discordant, offrant un avant plutôt innovant et un arrière raide comme une inspection fiscale, on obtient l'équation parfaite du flop. Les clients français font la moue, et leurs homologues européens en font autant. Pour éviter la catastrophe Honda décide, dès l'année suivant le lancement, d'importer le modèle à cinq portes. Mais cet ajout ne suffit pas à imposer le curieux concept et son moteur à côté de la plaque.

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Son successeur débarque 10 ans plus tard

En 2005, l'auto est retirée du catalogue européen sans fracas et sans beaucoup de ventes non plus. Le nom de HR-V restera dix ans au purgatoire avant que Honda ne le fasse renaître (sans le petit nom Joy Machine). Le HR-V nouveau est un SUV urbain beaucoup plus classique. Sauf qu'en 2015, il est loin d'être seul au monde. À ce moment-là, les Nissan Juke, Peugeot 2008 et Renault Captur cartonnent et il se retrouve un peu perdu dans la meute. Ainsi, si le premier HR-V est arrivé trop tôt, celui qui lui a succédé a débarqué un peu trop tard.

La beauté des laides - Honda HRV : la "machine à joie" ne méritait pas ça"L'irrésistible sensation Joy machine", tout un programme.

Pourtant, le précurseur, malgré sa drôle de frimousse avait des qualités qui font que nombre des rares exemplaires vendus à l'époque circulent toujours. Leurs propriétaires en sont ravis, en raison de la légendaire fiabilité Honda, mais aussi parce que, dans ses versions 4x2 ou 4x4, il peut rendre bien des services. Grâce à sa modularité, ses deux seules portes avant et  son plancher plat lorsque l'on rabat les sièges de la seconde rangée, il est devenu une sorte de camionnette de luxe que l'on croise à la campagne. De Joy Machine des villes, le HR-V est devenu gentleman farmer des champs.

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