La Williams, celle qui a élevé la Renault Clio au rang de mythe
Alors que la Clio entre dans sa 6e génération, rappelons-nous celle qui lui a certainement permis de pérenniser son nom : la fantastique Williams. Avec ses 150 ch, elle a terrassé la concurrence et fait baver les passionnés comme rarement !

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
A l'heure où Renault lance une Clio de 6e génération au design ultra-agressif, rappelons-nous celle qui n'a eu pas besoin d'en faire beaucoup visuellement pour susciter le respect et l'admiration : la Clio Williams. Il faut dire qu'elle n'a pas besoin d'en rajouter vu ce qu'elle a sous le capot : un 2,0 l de 150 ch. A l'époque, c'est du jamais-vu dans une citadine à roues avant motrices ! Et le châssis est à l'avenant. En résulte une petite bombe ultra-efficace, et en série limitée qui plus est, même si elle ne restera pas. Par ailleurs emblématique d'une époque où Renault gagnait en F1, d'où son appellation, la Clio Williams est un morceau d'histoire prodigue en sensations sportives.
Comme Fiat, Renault a contribué à créer le segment B, celui des citadines polyvalentes. L’italien avec sa 127 pour la technique, le français avec la R5, pour le design. Et contrairement à Fiat, Renault a toujours su se réinventer, voire réinventer tout court la catégorie des citadines. Notamment en 1990, quand la Clio succède à la Super 5. Si elle en reprend la plate-forme, pourtant déjà héritée de la R9, elle impose de nouvelles normes en matière de confort, d’habitabilité voire de comportement routier. La concurrence vieillit d’un coup !

En conséquence, la française est élue Voiture de l'année 1991 et connaît un grand succès. A cette époque, les petites sportives sont en vogue, et la Clio bénéficie dès 1991 de sa variante encanaillée. Mais voilà, mue par le 1,8 l 16 soupapes de la R19, la Clio 16S manque de peps en reprise, là où justement sa devancière R5 GT Turbo se révélait explosive. Mais chez Renault, on a plus d’un atout dans sa manche et des raisons de les utiliser. En effet, la Régie excelle en Formule 1, où elle fournit ses moteurs à l’écurie dominante : Williams.

Par ailleurs, le losange engage la Clio en rallye, où il doit la doter d’un 2,0 l. Ce qui, pour l’homologuer, requiert d’en vendre au moins 2 500 au grand public. Pas de souci, on réalèse le 1,8 l de la 16S à 2,0 l, en le dotant du vilebrequin de la 1,9 l diesel. Dénommé F7R, ce nouveau bloc développe quelque 150 ch. Et pour vendre le tout, le marketing décide de baptiser cette Clio du nom de l’écurie championne en F1 : Williams ! Peinte exclusivement en Bleu Sport 449, dotée de jantes de 15 pouces Speedline dorées et d’une plaque numérotée sur le tableau de bord, la Clio Williams apparaît en 1993 et allèche la clientèle passionnée.

Capable de 215 km/h en pointe et de passer les 100 km/h en 7,9 s, elle largue toute ses concurrentes ! Par ailleurs, dotée d’un train avant qui s’élargit de 34 mm en recevant les triangles inférieurs de la R19 16S, d’une suspension affermie, d’une garde au sol réduite et surtout d’une mise au point due à Renault Sport, la Williams se révèle redoutable sur la route. Pourtant, au contraire de la Clio 16S, elle ne peut recevoir d'ABS.

La presse est enthousiaste, les clients aussi, et, malgré un prix conséquent de 129 500 F (soit 32 600 € actuels selon l’Insee), les 3 800 unités finalement prévues sont vite vendues. A tel point que Renault décide de relancer une production de 1 617 exemplaires (pas tous numérotés). La Williams disparaît temporairement du catalogue puis revient en 1994, non sans bénéficier des améliorations apportées aux autres Clio (nouveaux rétroviseurs, calandre modifiée).

Cette fois, ce sont 6 683 exemplaires qui sont prévus, sans plaque numérotée ni modification mécanique. Une fois cette série terminée, les Suisses auront droit à une série limitée dans la série spéciale, dénommée Swiss Champion (500 unités). En France, la Clio Williams s’en va en 1995, sans recevoir le malheureux restylage qui défigurera la petite Renault sur sa fin de carrière. La Swiss Champion durera jusqu'en 1996. En tout, près de 12 000 Williams ont été produites.

Combien ça coûte ?
La Clio Williams a vu sa cote exploser puis se stabiliser récemment. Comptez 22 000 € pour une phase 2 en bon état (mais affichant plus de 200 000 km), une phase 1 numérotée revenant à 3 000 € supplémentaire. A 150 000 km, ce sera 26 000 € en phase 2, puis, à moins de 100 000 km, les prix deviennent fous, 35 000 € minimum en phase 2, et 40 000 € en phase 1… On en a vu partir à plus de 70 000 € chez les maisons d’enchères Aguttes et Artcurial !

Quelle version choisir ?
Si vous comptez rouler régulièrement, optez pour une phase 2 bien entretenue (voire rénovée) mais affichant déjà un gros kilométrage. Vous aurez les mêmes sensations et paierez bien moins cher qu’un exemplaire faiblement kilométré, sans risque de perte à la revente. Pour la collection, alors il faudra traquer les phases 1 immaculées et jamais restaurées. Préparez-vous à casser votre PEL.

Les versions collector
Toutes, dès qu’elles restent d'origine et ne sont pas pourries par la rouille. Evidemment, les toutes premières sont les plus recherchées. La rare Swiss Champion est désirable, mais ne la surpayez pas.

Que surveiller ?
Mécaniquement, la Clio Williams, dimensionnée pour le rallye, est très robuste. Le moteur passe sans encombre les 200 000 km, on en a vu franchir les 400 000 km. A la longue, les joints de queue de soupape faiblissent, ce qui n’est pas bien grave si on surveille son niveau d’huile. Justement, celle-ci doit simplement être changée tous les 10 000 km, et la courroie de distribution tous les 120 000 km. La boîte est solide également, même si les synchros peuvent se faire entendre passé 150 000 km.
Du tout bon ? Non ! La Renault pâtit d’une fâcheuse tendance à rouiller, d’abord par les ailes arrière, ensuite les bas de caisse. A surveiller de près, tout comme les traces d’accident, probables sur ce genre de sportive. Pour sa part, l’habitacle vieillit très correctement, même si les sièges ont tendance à s’affaisser. Assurez-vous que la voiture est conforme à l’origine, qu’elle dispose bien du bon moteur à carter cloisonné et échappement 4 en 1, que les jantes sont à la couleur requise et… roulez !

Sur la route
Elle a beau accuser plus de 30 ans, la Clio Williams a fière allure, bien posée sur ses jantes larges et dorées. Dans l’habitacle, on est accueilli par un siège plutôt généreux, souple et au bon maintien latéral. Certes, le volant est légèrement décalé vers la droite, mais on s’y fait vite et on réveille le moteur. On l’entend bien, le bougre, mais comment s’en plaindre ? D’une sonorité grave, il se révèle très souple et docile, puis passé 2 000 tr/min, il s’éclaircit la voix.

Il marche encore très fort car la Clio reste légère, et monte avec entrain jusqu’à 6 500 tr/min, même s’il donne le meilleur avant 6 000. Un caractère purement français ! La boîte, un régal manier, profite d’un étagement judicieux. Le châssis est encore mieux. Ferme, la direction est précise, rapide et communique fort joliment, tandis que le train avant colle au bitume. On sent exactement ce qu’il se passe, l’arrière suit fidèlement, le grip abonde, bref, cette Clio saute allègrement de virage en virage.

Le freinage ? Il est très correct pour une auto des années 90, donc un peu faiblard malheureusement. Le pire (ou le mieux), c’est que malgré cette belle efficacité, la suspension préserve un confort tout à fait convenable. N’était le niveau sonore élevé (moteur, bruits d’airs), on voyagerait loin dans cette Clio, qui avale 8,5 l /100 km quand on roule aux limitations.
L’alternative Newtimer*
Renault Clio III RS (2006 – 2013)

Dernière Clio de sport à utiliser le moteur F (donc un descendant de celui de la Williams), la RS de 3e génération bénéficie d’une préparation totale exécutée par Renault Sport. Moteur 2,0 l poussé à 201 ch (en théorie), train avant à pivots découplés, voies élargies, assiette abaissée, suspension durcie, gros freins à étriers à 4 pistons, carrosserie à l’aérodynamique soignée… Cette Clio RS, lancée en 2006, met tout le monde d’accord par son châssis exceptionnel, moins par son moteur un peu creux. Elle pointe à 215 km/h… comme la Williams !
En 2007, l’option châssis Cup magnifie l’efficacité dynamique, une variante Luxe apparaît et déjà débarquent des séries limitées. F1 Team R27 cette année-là, WSR en 2008 (apportant un étagement de boîte revu), puis restylage en 2009. Outre le museau, les réglages de suspension sont revus (plus durs sur la Cup, plus souple sur la Luxe), le moteur, retravaillé, passe à 203 ch. Cela paraît peu, mais il respire beaucoup mieux ! Là encore, les séries limitées abonderont, une Gordini sera proposée, mais en 2013, cette super RS disparaît. 30 000 unités environ ont été fabriquées : un succès. A partir de 9 000 €.

Renault Clio Williams (1993), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 998 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; bras tirés, barres de torsion, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, traction
- Puissance : 150 ch à 6 100 tr/min
- Couple : 175 Nm à 4 500 tr/min
- Poids : 990 kg
- Vitesse maxi : 215 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 7,9 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver une Renault Clio Williams d'occasion, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques.
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