Caradisiac : La sécurité routière est une grande cause nationale des gouvernements depuis 2002, le restera-t-elle si vous êtes élu le 6 mai prochain ?

Jean-Luc Mélenchon: Oui l’action publique doit poursuivre le travail engagé qui a permis de développer la prévention pour accompagner le changement de comportement au volant car l'accident de la circulation n'est pas une fatalité. La sécurité routière est bien l’affaire de tous et si le nombre de tués est passé de 17 000 en 1972 à environ 4.000 par an ces dernières années, il reste encore beaucoup à faire !


Caradisiac : Quelle direction souhaiteriez-vous lui donner ? Quelles seraient les pistes, non explorées ou pas assez exploitées selon vous, pour améliorer la sécurité routière ?

Jean-Luc Mélenchon: Dans notre société la vitesse reste encore aujourd’hui une valeur « positive ». C’est même un critère de réussite dans l'univers professionnel. Or tant que l'on fera de la vitesse une valeur sociale, il ne faudra pas s'étonner que les gens la reproduisent au volant. Pourtant si on prend le cas d’un conducteur qui roule sur autoroute pendant une heure à 140 km/h, soit 10 km/h de plus que la vitesse autorisée, il ne « gagne » que 3 minutes pour 100 kilomètres. Ce gain vaut-il la peine de prendre des risques ? D’autant moins qu’on ne sort jamais indemne d’un accident de la route, qu’on en soit victime ou qu’on l’ait provoqué. Il est urgent de cesser de minimiser sa prise de risque. Pour ce faire tout n’est pas qu’une question de sanction, il faut poursuivre et développer les politiques de prévention (campagne de sensibilisation, éducation routière…).

Dans le cadre de la planification écologique que mettra en œuvre un gouvernement du Front de Gauche, ceci afin de limiter les coûts tant sociaux qu’environnementaux des déplacements, nous proposerons que les véhicules à deux ou quatre roues soient soumis à des règles strictes concernant le rapport poids/puissance, la vitesse maximale (à définir, mais proche des 130 km/h), la consommation, et les émanations polluantes (CO2, mais aussi particules fines, COV, NOx, etc.). Il est clair là encore que nous devons être dans une démarche de prévention, qui ne se limite pas à de la répression.


Caradisiac : Pour les jeunes, des actions ciblées ? Pour les plus âgés ? Pour les conducteurs de deux-roues ?

Jean-Luc Mélenchon: Nous considérons comme essentiel une refonte globale de la formation au permis de conduire pour modifier les comportements au volant notamment des plus jeunes, principalement les jeunes hommes. 75% des tués sur la route sont des hommes et un tiers des femmes victimes d’accident de la route sont des passagères. Au Front de gauche des transports nous préconisons un apprentissage plus long, pour dire stop à l’insécurité routière. Nous assumons de considérer qu’il faut travailler plus fortement sur les comportements au volant. Une réflexion d’ensemble doit avoir lieu avec les constructeurs automobiles pour qu’ils cessent de faire de la vitesse une donnée sous-jacente dans leurs publicités (on filme une voiture avalant des kilomètres à perte de vue sur une route libre de toute circulation). La sécurité routière doit avoir les moyens d’intervenir dans tous les établissements scolaires pour contribuer à développer des changements de comportements dès le plus jeune âge. Par ailleurs le Front de Gauche des Transports est favorable à une réforme en profondeur du permis de conduire incluant la question de la gratuité de l’accès à cette formation.


Caradisiac : Le contrôle automatisé des infractions routières constitue l’une des voies répressives développées ces dernières années. Est-ce un système que vous souhaitez d’une part voir perdurer, d’autre part continuer à renforcer ? Point de retour envisagé pour une loi d’amnistie concernant les petites infractions routières ?

Jean-Luc Mélenchon: L’élection présidentielle pour le Front de Gauche ne doit pas aboutir à des comportements qui renvoient au « fait du prince » qui octroie au bon peuple qui l’a élu un passe droit. En effet nous ne pensons pas que ce soit une attitude républicaine et nous contestons l’idée d’élire un monarque. Tout débat concernant la sécurité routière et de facto le paiement des infractions routières il doit être organisé devant la représentation nationale.


**Rappelons que c'est Pascale Le Néouannic, animatrice du Front de Gauche chargée des transports qui a été missionnée pour nous répondre. Mais nos questions étaient bien dirigées à l'adresse de Monsieur Mélenchon. Caradisiac considère donc que les réponses apportées sont en adéquation avec la politique que le candidat à la Présidentielle envisage de mener en cas d'élection le 6 mai prochain.

 

Sur la Sécurité routière, les réponses complètes de :

François Bayrou (MoDem)

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)

François Hollande* (PS)

Philippe Poutou (NPA)

Nicolas Sarkozy (UMP)


Sur l'augmentation des prix des péages autoroutiers, les réponses complètes de :

François Bayrou (MoDem)

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)

François Hollande* (PS)

Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)

Philippe Poutou (NPA)

Nicolas Sarkozy (UMP)


Sur l'envolée des prix des carburants, les réponses complètes de :

François Bayrou (MoDem)

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)

François Hollande* (PS)

Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)

Philippe Poutou (NPA)

Nicolas Sarkozy (UMP)


Sur l'industrie automobile, les réponses complètes de :

François Bayrou (MoDem)

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)

François Hollande* (PS)

Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)

Philippe Poutou (NPA)

Nicolas Sarkozy (UMP)


Sur le développement durable, les réponses complètes de :

François Bayrou (MoDem)

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)

François Hollande* (PS)

Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)

Philippe Poutou (NPA)

Nicolas Sarkozy (UMP)


Sur ce que pensent personnellement les candidats de la voiture, les réponses complètes de :

François Bayrou (MoDem)

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)

François Hollande* (PS)

Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)

Philippe Poutou (NPA)

Nicolas Sarkozy (UMP)


*Du côté de François Hollande, c'est Roland Ries, chef du Pôle Transport, qui a été chargé de nous répondre. Mais nos questions étaient bien dirigées à l'attention de Monsieur Hollande. Caradisiac considère donc que les réponses apportées sont en adéquation avec la politique que le candidat PS envisage de mener en cas d'élection le 6 mai prochain.