Rodius, contraction de Rhode et de Zeus, deux références mythologiques, peine à convaincre. Car si il a hérité de la lourdeur du colosse de Rhode, il n'en va pas de même pour la puissance de Zeus. 164 ch pour plus de 2 tonnes, c'est un peu juste. D'autant que la boîte de vitesse n'aide pas.

Essai - Ssang Yong Rodius : le colosse à prix mini

Dès les premiers tours de roue au volant du titan, une interrogation se pose immédiatement, où sont les 164 ch. Partageant le même moteur que son aventurier de frère le Rexton, le 2.7 litres diesel de 164 ch et 342 Nm aux origines de conception allemande – le moteur Coréen est basé sur un moteur d'origine Mercedes revisité – ne distille pas son mordant de la même façon. Plus agressif sur le Rexton, sur le Rodius, il se retrouve assagi voir même amputé de sa verve emplie de dynamisme. La réponse se trouve au creux de la main. C'est au niveau de l'étagement de la boîte de vitesse qu'il faut chercher. La première et la seconde, horriblement courtes pour permettre de lancer les plus de 2 tonnes du mastodonte apparaissent comme agaçantes à l'utilisation. Cette désagréable surprise inhibe les sensations et fait ressortir l'impression de lourdeur du véhicule. Heureusement la troisième et la quatrième plus exploitables, rattrapent le coup. Enfin la cinquième, loin d'être une simple vitesse économique rehausse l'agrément moteur notamment sur l'autoroute où le couple divin vient sauver le bilan.

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Les 130 km/h autorisés sont alors atteints sans peine, et peuvent être facilement dépassés si vous n'y prenez pas garde. D'autant que ne comptez pas sur une quelconque aide électronique en version boîte manuelle, le régulateur n'étant disponible qu'avec la boîte auto séquentielle à 5 rapports. Cruiser le Rodius l'est incontestablement. Un point noir vient cependant ternir un tantinet le voyage : ça vibre sous la pédale !! A l'arrêt on sent le moteur claquer légèrement sous la pédale d'embrayage. Si ce n'est pas très grave en soi, cela devient vite beaucoup plus irritant en mouvement. Sans non plus atteindre 8 sur l'échelle de richter, sur certains rapports, en dessous de 3000 tr/min, les vibrations du moteur sont retransmises jusque dans le volant. Et au-dessus le 5 cylindres vous gratifie de ses vocalises. Bruyant !! Cela est dû à une proximité du bloc moteur accru, par rapport au Rexton, ce qui donne au Rodius une présence sonore plus marquée. Passés ces quelques désagréments, ce colosse au gros cœur saura séduire toute la famille grâce à son confort d'utilisation.

Cependant attention, car sorti de l'autoroute des vacances, n'espérez pas hausser le rythme, il n'est pas fait pour ça. Avec plus de 2 tonnes à déplacer, les petites routes de montagne doivent être abordées avec calme et sérénité. Malgré la présence de l'ESP et de l'ARP – contrôle actif de la prise de roulis – ce n'est pas un sportif, et les transferts de masses se font vite sentir pour peu que vous ayez le pied aussi lourd que le colosse. Les aides électroniques auront ainsi tôt fait de vous remettre dans le droit chemin et vous rendront compte de leur mécontentement par un bip bip stressant et incessant. Pour l'anecdote l'ESP est déconnectable, l'ARP lui demeurant actif quoiqu'il arrive. Heureusement, les 4 freins à disque ventilé stoppent le mastodonte avec une sérénité déconcertante au vue de l'embonpoint de la bête. Ce qui sécurisera les passagers et fera oublier l'absence d'airbags rideaux. Enfin, soulignons que même si la ville n'est pas son terrain de prédilection, malgré un empattement record de 3 m – le plus important après celui du Grand Voyager – son rayon de braquage correct, lui permet d'aborder le flux urbain avec sérénité.