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La beauté des laides - Renault Laguna Nevada, la berline qui s'est fait greffer un sac à dos

Dans Rétro / Saga des marques

Michel Holtz

Soyons honnêtes : cette voiture n’est pas laide, du moins dans sa version classique. La Laguna première du nom est même très réussie. Alors pourquoi l'avoir affublée d’une affreuse version break, avec un arrière collé sur la berline comme une greffe qui n’aurait pas pris ? Heureusement, elle offre une taille de coffre exemplaire et deux places supplémentaires.

L'arrière de la Renault Laguna Nevada : une partie en trop, mais un coffre très pratique.
L'arrière de la Renault Laguna Nevada : une partie en trop, mais un coffre très pratique.

L'époque a perdu ses repères et l'automobile aussi. Aujourd'hui, les breaks ne sont souvent qu'un simple exercice de style pour rendre les berlines plus séduisantes qu'elles ne le sont. Et leur fonction première -offrir un plus grand coffre- passe au second plan. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Il fut un temps où ces autos, rallongées et rehaussées de l'arrière, accueillaient les cageots de l'épicier, la commode du brocanteur, ou les jouets des enfants des familles nombreuses.

Une équipe de choc au design Renault

C'était encore le cas dans les années quatre-vingt-dix où au design de Renault sévissait, sous la houlette de Patrick le Quément, une belle équipe, composée de pointures comme Jean-Pierre Ploué et Thierry Metroz. Ils ont dessiné, et plutôt rudement bien, la première version de la Laguna sortie en 1994, et dans la foulée, se sont attaqués à sa version break, qui doit être commercialisée un an plus tard.

Le concept Evado né quatre mois seulement avant le modèle de série.
Le concept Evado né quatre mois seulement avant le modèle de série.

Alors, pour ne pas avoir à changer un dessin qui gagne, l'équipe du bureau de design garde à peu près tout du style original. Sauf que le cahier des charges qu'ils ont entre les mains ne leur facilite pas les choses pour concocter une version break homogène : il exige que le coffre soit beaucoup plus grand que celui de la berline, et de surcroît, il doit contenir une banquette amovible permettant d'asseoir deux adultes, ce qui implique un pavillon haut et une face arrière plutôt verticale.

Mais ils ne retiendront des préceptes du design (l'esthétique au service de la fonction) que la dernière partie. Pris d'un remords subit et d'une peur de faire moche, ils intégreront néanmoins dans leur dessin une petite fioriture, une custode penchée vers l'avant. Résultat, cette petite fantaisie esthétique accentue le côté sac à dos : un appendice, une grosse malle qui vient (malencontreusement) se greffer sur une berline.

La Laguna Evado deviendra le break de la police

La direction de Renault doute-t-elle du dessin de son nouveau break ? Toujours est-il que 4 mois avant la présentation officielle de la voiture de série, un délai ultracourt, elle décide de le dévoiler au salon de Genève de mars 1995, sous la forme d'un concept-car baptisé Evado et très proche du modèle de série. Évidemment, aucune clameur de joie ne fut signalée au bord du lac Léman à cette occasion, mais comme le curieux dessin n'est pas rejeté en bloc par les visiteurs, la commercialisation est programmée pour l'été. Sauf que le break ne s'appellera pas Evado.

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Le sens aigu de la malice qui nous tenaille voudrait laisser croire que ce changement de nom est lié à la commande de centaines de breaks par la police et la gendarmerie peu de temps après, mais il n'en est rien. La nouvelle version XL de la Laguna reprend simplement le nom du break de la R21 à qui il succède et qui a connu une jolie carrière : Nevada.

Le break Evado (pardon Nevada) transformé en voiture de gendarmes.
Le break Evado (pardon Nevada) transformé en voiture de gendarmes.

Les forces de police n'auraient pas, sans doute, tenu rigueur à Renault de leur vendre des Evado, puisque, depuis une petite année, ils se sont équipés de monospaces Citroën Évasion. Toujours est-il qu'ils ne sont pas les seuls à découvrir le nouveau break Renault cet été-là. La presse, comme le grand public, est séduit, si ce n'est par la ligne, du moins par tous les autres arguments de l'auto.

Finalement, un bon cahier des charges vaut mieux qu'un beau dessin, au détriment de la rétine, mais à l'avantage des finances du losange. Et ce cahier des charges, qui fut respecté par les équipes de Patrick Le Quément, a quelques arguments. Le coffre de la Laguna Nevada passe de 450 à 520 litres et, effectivement, dans cette grande malle, vient se loger une banquette amovible qui accueille deux passagers supplémentaires regardant vers l'arrière. Évidemment, dans cette configuration, il faudra oublier les bagages, mais l'argument fait mouche et sur les 2,3 millions d'exemplaires de Laguna vendu, une bonne part sont des breaks. Au final, ce Nevada sera l'un des plus gros succès de ce segment particulier.

Adieu Nevada, bonjour Estate

Avec ses quatre moteurs essence et, surtout son diesel 2.2, cette auto vivra sans peine, et sans grosse panne, durant six ans avant de couler une retraite heureuse avec son étrange sac à dos.

En 2001, place à la Laguna 2. Une fois encore, le dessin est particulièrement à la hauteur. La nouvelle auto est une évolution douce de la première. L'air du temps n'est plus aux lignes molles et ses traits se durcissent. Surtout, sa version break devient enfin harmonieuse. Est-ce pour faire oublier la catastrophe stylistique précédente ? En tout cas, elle ne s'appellera pas Nevada et pas question de l'appeler vulgairement break. Alors elle troque son nom rustique et cow-boy pour le plus chic "Estate".

Une ligne plus harmonieuse et un nom plus chic : la Laguna 2 Estate.
Une ligne plus harmonieuse et un nom plus chic : la Laguna 2 Estate.

Hélas, celle qui est si bien partie dans la vie va filer vers un bide retentissant qui va diviser ses ventes par deux durant ses 6 années de carrière par rapport à la première Laguna. Les pannes électroniques se succèdent. Sur ses moteurs diesels (la très grande majorité des ventes), les injecteurs et les turbos cassent. On en oublie totalement ses qualités, et notamment le fait que cette auto est la première au monde à décrocher 5 étoiles aux tests EuroNcap.  

Laguna : le nom maudit

En 2007, au bout de six, cette deuxième Laguna rend son tablier, bien abîmé. Chez Renault on est totalement conscient du problème. Sa remplaçante est surveillée de près et couvée par les responsables qualité. La pression est maximum sur les équipes de montage et quand elle sort des chaînes, la Laguna 3 est parfaite. Sauf qu'elle s'appelle Laguna. Un nom qui ne va pas du tout l'aider à décoller, malgré ses qualités routières, indéniables, et ses qualités de fabrication, de loin ce que le Losange a produit de meilleur.

Renault finira enfin par retenir la leçon et le nom maudit ne ressortira plus des tiroirs. La Laguna 4 s'appelle Talisman. Elle apparaît en 2015 et si elle ne rencontre pas le succès escompté, ni en version berline, ni en Estate, c'est une autre histoire : celle du déclin des berlines et de la montée en puissance des SUV.

A l'arrière, deux passagers supplémentaires peuvent admirer les voitures qui les suivent.
A l'arrière, deux passagers supplémentaires peuvent admirer les voitures qui les suivent.

Et si finalement cette toute première Laguna Nevada était le meilleur numéro d'une longue série de voitures maudites ? Fiable, confortable, ultra-habitable, avec des équipements en avance sur son temps, et une planche de bord moderne pour son époque, elle n'a finalement que peu de choses à se reprocher. Quant à son curieux sac à dos, il suffit de se débrouiller pour ne regarder la voiture que de face. Ce n'est certes pas très pratique, mais c'est le (léger) prix à payer pour se donner l'illusion de disposer du beurre, de l'argent du beurre, et du talent du designer.

Estate ou berline, l'avant d'une Laguna 1 est plutôt réussi.
Estate ou berline, l'avant d'une Laguna 1 est plutôt réussi.

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