L’assouplissement des règles de 2035 fait râler en partie l'automobile européenne et sourire la Chine
L’INFO DU JOUR - Entre une Allemagne qui juge le plan « funeste » et Stellantis, pour qui il ne répond pas au problème, le cadeau d’Ursula von der Leyen à l’automobile tombe un peu à plat. Pire : il pourrait ne pas du tout freiner les constructeurs chinois.

Après les compliments de rigueur, le retour de la rancœur ? Sans en arriver à de telles extrémités, la filière automobile européenne qui a, dans un premier temps, accueilli la décision de Bruxelles avec force applaudissements, est en train de procéder à ses petits calculs et fait grise mine devant l’addition.
L’assouplissement du couperet de 2035 annoncé le 16 décembre par Ursula von der Leyen, qui prévoit des émissions abaissées de 90 % au lieu des 100 % requis à l’origine, aurait du faire sauter les bouchons de champagne chez tous les constructeurs du continent. C’est l’inverse qui s’est produit. Après avoir poliment salué le geste, il n’aura fallu que quelques jours pour qu’une partie du secteur, et non des moindres, montre sa déception.
Grise mine en Allemagne et en Italie
La VDA, le syndicat des constructeurs allemands juge carrément le paquet automobile, ou ce que Bruxelles en a dévoilé pour le moment, comme étant « funeste ». Et dieu sait le poids de cette confrérie qui regroupe l’ensemble des marques d’outre-Rhin et qui a l’oreille du chancelier Friderich Merz.
Même grise mine en Italie. Quant à la France, la PFA (plateforme automobile) s’est montrée d’une sobriété exemplaire en expliquant que la décision de Bruxelles est « une première réponse aux urgences », en mode, après les amuse-bouches, on attend le plat de résistance.
Du côté des constructeurs eux-mêmes, l’enthousiasme n’est pas démesuré non plus. En France, Renault tempère. Pour le losange, "le paquet automobile prend en compte certains des défis majeurs ». Mais apparemment pas tous. Bonne fille, l’ex-régie, se dit « prête à une collaboration constructive pour calibrer les mesures proposées ». Façon de signifier que Bruxelles n’est pas allé assez loin, mais que Renault peut lui filer un coup de main.
Si l’ex-régie choisit la câlinothérapie, Stellantis est beaucoup plus cash. Pour la galaxie de 15 marques, l’assouplissement voulu par Bruxelles ne répond pas aux problèmes de l’industrie européenne et ne permettra pas la production de véhicules abordables pour la majorité des consommateurs. Stellantis déplore également que seules les électriques fassent partie du lot des futures kei-cars européennes et leur réglementation simplifiée.

Mais au final, est-ce que les annonces d’assouplissement du 16 décembre ont fait quelques heureux ? Ce sont peut-être les constructeurs chinois qui ne voient aucun inconvénient à ce que l’Europe en vienne, dans 10 ans, à réduire ses émissions de 90 % et ce, malgré une préférence européenne, notamment sur l’acier, difficile à mettre en œuvre selon eux.
Byd, Saic, Chery ? Même pas mal. Outre les VE dont ils sont les spécialistes, ils produisent déjà des hybrides rechargeables qui resteront autorisés malgré des normes d’émission qui seront plus sévères. Les VE à prolongateurs d’autonomie qui eux aussi pourront circuler après le 1er janvier 2035 ? C’est carrément une spécialité locale, et ils représentent déjà 10 % des ventes là-bas.
On nous rétorquera que les barrières douanières mises en place par l’Europe pour doucher les ardeurs chinoises sont efficaces. Sauf qu’elles n’ont absolument pas freiné les ambitions de Byd, et de MG, ni empêché l’arrivée en Europe de Jaecoo et Omoda du groupe Chery.
Champagne pour la Chine ?
Quant à l’avenir, nous avons demandé à Alexandre Marian de nous le prédire. Pour le directeur associé du cabinet Alix Partners, « les constructeurs chinois devraient s’octroyer 10 % du marché d’ici 5 ans. » Dans un contexte de ventes en plein boom, passe encore. Mais pour l’analyste, la croissance de ce marché ne devrait pas dépasser 1 % par an. Résultat : la maigre hausse serait intégralement pompée par les marques chinoises, « soit 400 000 autos par an en Europe ».
L’avenir est donc incertain mais dix ans, jusqu’en 2035, c’est long, vu de la muraille de Chine comme de la commission européenne. Et d’ici là, les affaires automobiles seront réévaluées, formalisées et précisées, du point de vue des petites autos, comme de celui des utilitaires, avec une première étape, de nouvelles annonces, et un premier rendez-vous, fixé le 26 janvier prochain à Bruxelles. Le temps d’une trêve des confiseurs pour les mécontents, comme pour les ravis.















Déposer un commentaire
Alerte de modération
Les données que vous renseignez dans ce formulaire sont traitées par GROUPE LA CENTRALE en qualité de responsable de traitement.
Les données obligatoires sont celles signalées par un astérisque dans ce formulaire.
Ces données sont utilisées à des fins de :
Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement de ces données, d’un droit de limitation du traitement, d’un droit d’opposition, du droit à la portabilité de vos données et du droit d’introduite une réclamation auprès d’une autorité de contrôle (en France, la CNIL).
Pour en savoir plus sur le traitement de vos données : Politique de confidentialité
Alerte de modération