En cette fin des années 70, alors que l’épopée des R8 et R12 Gordini n’est déjà plus qu’un souvenir, Renault est sérieusement titillé par l’arrivée d’une bombe au succès fulgurant… la VW Golf GTI. Même en France, crime de lèse-majesté, l’allemande fait un tabac ! La réplique de Billancourt est immédiate. On utilise la star des ventes depuis 1972, la Renault 5, pour lancer la R5 Alpine dès 1976. Celle-ci rencontre un très honorable succès et, en 1981, Renault lui adjoint la monumentale Renault 5 Turbo, dont le moteur central arrière de 160 ch et les ailes bodybuildées ont servi de bases aux plus belles Groupes B des années 80.

Puis arrive l’évolution logique de la R5 Alpine : la R5 Alpine Turbo ! Nous sommes en 1982, et le contexte est important. En effet, c’est à cette époque que les moteurs turbocompressés gagnent leurs plus beaux titres de noblesse. Les Renault F1-Turbo ne font plus du tout rire les Anglais, qui ne les surnomment plus les Yellow Tea Pot, au prétexte que les turbos explosaient régulièrement à mi-course. En 1982, après plusieurs saisons de mise au point, Renault et ses turbos dominent la F1 mondiale !

Ainsi donc, la R5 Alpine change de nom pour s’appeler Renault 5 Alpine Turbo. Le moteur est un 1 400 cm3 suralimenté de 110 ch, soit la même puissance que la Golf GTI. Légère, la voiture se montre très performante, puisqu’elle atteint 187 km/h, et abat le km départ arrêté en 31 secondes. En revanche, côté équipement, la R5 Alpine Turbo fait plutôt le minimum, tout l’intérêt de ses concepteurs se focalisant sur sa vocation purement sportive. Ainsi, les options se limitent aux vitres avant électriques, à la peinture métallisée, et à des pneus Pirelli P6. Ce n’est qu’en 1983 que la voiture se voit équipée d’un essuie-glace à balayage intermittent, et qu’elle propose, en option, la direction assistée. À l’évidence, les évolutions sont plus que timides, l’essentiel des attentions étant porté sur la Coupe de France Renault 5 Elf Turbo, une fantastique épreuve où plus de cent concurrents s’affrontent tous les dimanches, ou presque, dans des courses acharnées et particulièrement spectaculaires. Parmi eux, un jeune débutant prometteur… Jean Alesi.

A priori, tout semblait réuni pour que le modèle coule encore de longues saisons heureuses aux mains des conducteurs les plus passionnés. Pourtant, au cœur de l’euphorie sportive du moment, un terrible danger plane sur l’avenir de la R5 Alpine Turbo. Un danger pire encore que celui que représentait, en son temps, la VW Golf GTI pour l’image sportive de la marque. Une menace qui va rapidement lui être fatale : l’avènement de la Peugeot 205 GTI ! Eh oui, dès l’apparition de la Sochalienne, les ventes de la R5 chutent… de moitié. Imparable ! L’usine Alpine de Dieppe où ont été construits les quelque 24 000 exemplaires, dont 706 en version « Coupe », met un point final à la production de la R5 Alpine Turbo. Nous sommes en juillet 1984, une star éphémère des circuits s’éteint. Elle n’aura vécu que 3 ans.