Présenté au Mondial de Paris en 2010 et commercialisé fin d’année suivante, l’Evoque a connu un début de carrière foudroyant (près de 200 000 unités en 20 mois), principalement sur le marché européen. Et ce, autant pour son style que ses excellentes prestations, confirmées par notre essai « Range Rover Evoque : chic et sport, on adore ! », malgré un positionnement tarifaire franchement salé. Des prix élevés qui se justifient en partie par la richesse de l’équipement et par une finition impeccable. La presque bonne nouvelle, c’est que la gamme Evoque 2014 n’augmente pas, elle reste dans la fourchette 33 500 à 50 600 € en 5 portes, le coupé exigeant de débourser 1 000 € supplémentaires.

En France, l’Evoque représente les trois quart des ventes de la marque. Il se situe dans le top 20 des SUV généralistes et premium confondus sur les dix premiers mois 2013 (au niveau des ventes d’un BMW X3), certes assez loin de l’Audi Q3 qui reste, lui, dans le top 10. Ce dernier constitue pour l’heure son seul rival à peu près comparable – au moins en gabarit, classe et en tarif, mais ses prestations sont globalement en dessous de l’Evoque, surtout face à la version 2014 de notre essai. La concurrence s’enrichira très bientôt avec le Mercedes CLA (4,42 m) qui va prendre place en dessous du GLK (4,53 m). Quant au Porsche Macan (environ 4,70 m) qui sera lui aussi commercialisé début 2014, il joue dans la catégorie supérieure. Soit dit en passant,il s’agit d’un Macan conçu sur la base déjà ancienne de l’Audi Q5 qui semble bien fade, face par exemple au futur crossover Lexus dérivé du concept LF-NX (4,64 m) attendu en 2015.


Essai - Land Rover  Range Rover Evoque SD4 : une boîte 9 pour quoi faire ?

Touche pas à ma ligne


Au salon de Francfort en septembre dernier, la marque anglaise a présenté l’Evoque 2014 dont la commercialisation débute en cette fin d’année. Les retouches extérieures sont minimes. Les modifications esthétiques se limitent à quatre nouveaux dessins pour les jantes alliage et à un nouveau badge Land Rover sur la calandre, les moyeux de roues et sur le hayon arrière. L’habitacle se pare de nouveaux coloris intérieurs, et c’est tout pour le look.


Il se dote surtout de nouvelles technologies, comme l’Active Driveline qui passe de 2 à 4 roues motrices à la demande, ou les 7 nouveaux programmes d’aide à la conduite. Le principal changement concerne la nouvelle transmission automatique, à 9 rapports s’il vous plaît. Une des toutes premières, si ce n’est pas la première, sur un véhicule léger. Elle remplace la bva6, effectivement un peu dépassée face aux 7 et 8 rapports de la concurrence premium. Il s’agit toujours d’une automatique à convertisseur de couple fourni par l’allemand ZF –mais produite en Caroline du sud. Cet équipementier est un partenaire de longue date de Land Rover comme de Jaguar. Et également fournisseur attitré d’Audi et BMW


Essai - Land Rover  Range Rover Evoque SD4 : une boîte 9 pour quoi faire ?

Cette escalade est-elle vraiment bénéfique ? Ce n’est pas impossible puisque Mercedes planche aussi sur ce nombre de rapports, et que plusieurs constructeurs lorgnent sur la boîte 9HP de ZF. Elle devrait se retrouver sous le capot de véhicules des marques Chrysler, Fiat, Honda et BMW d’ici peu. Elle est destinée aux véhicules dotés d'un moteur avant transversal. Elle ne remplace donc pas la boîte de vitesses automatique ZF à 8 rapports montée en long des véhicules propulsion comme les Range Rover, Land Rover Discovery 4 et Range Rover Sport.


Des constructeurs comme Hyundai, GM et Ford annoncent déjà dix rapports, mais si on s’appuie sur la loi des rendements décroissants, il n’est pas certain qu’il existe un quelconque avantage palpable à multiplier les rapports à ce point en considérant les facteurs prix/poids/encombrement/consommation, si ce n’est pour les services marketing qui avanceront « on a fait encore plus ».


La nouvelle transmission 9 HP se retrouve sur le moteur à essence 2.0 de 240 chevaux, mais aussi sur le Diesel 2,2 litres, disponible en 150 ch (TD4 en 4 roues motrices, et non pour l’eD4 traction qui n’a droit qu’à la boîte mécanique) et en 190 ch (SD4). Les moteurs quatre cylindres restent inchangés (toujours aux normes de dépollution EU-5), tout comme les performances annoncées, au moins pour notre véhicule d’essai équipé du discret SD4 de 190 ch, fort de 420 Nm (8,5 secondes sur le 0 à 100 km/h et 195 km/h en pointe). Sauf que le temps avancé pour le 0 à 100 km/h paraît maintenant réalisable, ce qui n’était vraiment pas le cas avec la bva6. Au-delà d’accélérations un peu plus vives, nous avons surtout noté des reprises punchy. On passe par exemple de 80 à 120 km/h en à peine plus de 6 secondes. Excellent.


Elle tombe cinq rapports d’un coup !


Si l’Evoque croise sur le rapport supérieur à 100 km/h à moins de 1 500 tr/mn et que le conducteur enfonce la pédale d’accélérateur pour un dépassement par exemple, la boîte passe de 9e en 4e et le moteur grimpe à 4 000 tours en un éclair pour une relance vigoureuse. Naturellement, elle est aussi flexible lors de fortes décélérations et saute là encore trois à cinq rapports selon les cas pour accompagner le freinage. Une boîte qui tombe cinq rapports d’un coup, c’est du jamais vu. En plus d’une réactivité bien meilleure et des changements de rapports bien plus rapides que l’ancienne bva6, la bva9 se montre également plus douce, avec des changements quasi imperceptibles à partir de la 5e. La gestion gagne aussi en intelligence. Réellement adaptative, elle analyse rapidement le style de conduite, et sur un parcours de plus de 300 kilomètres, nous l’avons très peu souvent prise en défaut.

A côté de l’indéniable agrément procuré par la nouvelle boîte, contrairement à la bva6 qui constituait le handicap majeur de l’Evoque jusqu’à présent, on note un gain appréciable en consommation. Si le dernier rapport, très long, n’est pas opérationnel à 90 km/h, il le devient aux alentours de 100 km/h et permet d’abaisser significativement la consommation autoroutière. D’environ un litre à un peu plus de 130 km/h de moyenne, soit moins de 9 l/100 sur notre parcours effectué en Suisse (120 km/h) et en Allemagne (120 plus souvent que 190 km/h). Ce bon résultat tient en partie aussi au système Active Driveline optionnel qui permet de rouler en mode traction dans des conditions de conduite normales, et repasser automatiquement en quatre roues motrices si besoin.


Conso en chute et malus stable


Sur cet essai, notre consommation moyenne a atteint 8,4 l/100, avec un mini à 5 litres et un maxi qui a dépassé 12 litres. En fait, malgré son poids important (1 685 kg annoncés, mais certainement plus de 1,8 tonnes en version Prestige toutes options), le Range Evoque SD4 bva9 rejoint l’Audi Q3 2.0 TDI 177 Quattro S Tronic 7, et consomme à peine plus que le BMW X1 à 4 roues motrices et bva8 équipé du trop sonore 2 litres Diesel de 184 chevaux. C’est environ un litre de mieux que le SD4 bva6.

Essai - Land Rover  Range Rover Evoque SD4 : une boîte 9 pour quoi faire ?

Par ces temps de malus massu, l’acquéreur de l’Evoque SD4 Auto pourra se réjouir de la baisse des émissions de CO2 de 174 à 153 g/km (149 g/km pour le Coupé). Ainsi, la version 190 ch bva9 en carrosserie 5 portes écopera en 2014 de 1 600 € (1 500 € pour la bva6 en 2013, et 2 200 € si elle avait été maintenue au catalogue l’an prochain).


Ils sont fous ces Anglais !


Essai - Land Rover  Range Rover Evoque SD4 : une boîte 9 pour quoi faire ?

Pour nous prouver les aptitudes de franchissement de l’Evoque 4x4, l’équipe de Land Rover nous avait concocté, au cœur de la Forêt Noire, un traditionnel parcours off-road boueux et pentu à souhait en entrée, un joli run en sous-bois en plat de résistance, et en dessert, la descente vertigineuse d’un tremplin de saut à ski. Je n’en mène pas large sur l’aire de départ, le capot au-dessus du vide, sans la moindre visibilité. Si au moins j’avais mis en fonction les caméras avant. Bon, je me lance, me retiens de freiner, et de crier « maman » quand le véhicule plonge dans la descente et que j’aperçois deux cents mètres plus bas l’arrivée. Mais ô miracle, les aides électroniques gèrent la pente de plus de 35 % en toute délicatesse. Reste l’angoisse d’une défaillance technique et celle de ne rien maîtriser soi-même. Ouf, une fois en bas, sur le plat, le calvaire terminé, je reprends mes esprits. Tant et si bien que je me dis qu’un petit coup d’adrénaline supplémentaire ne me ferait pas de mal, et hop, j’entame l’escalade du tremplin en marche arrière, pour voir. L’Evoque grimpe l’obstacle avec une facilité déconcertante, et à part doser l’accélérateur, je n’ai pas grand-chose à faire si ce n’est contempler le paysage et faire coucou au photographe. Les 4x4 modernes, c’est devenu presque ennuyeux.



En tout cas, l’Evoque reste le plus capable des SUV compacts en terrain difficile, même s’il n’a pas exactement les capacités du Discovery ou du Range, notamment pour les passages de gué limités à 500 mm (900 mm sur le Range). Bon, ce n’est de toute façon pas la peine de faire l’article, les qualités de l’Evoque sont bien connues, entre autres confort et comportement au top (encore mieux avec le système Adaptative Dynamics disponible uniquement avec les moteur 190 et 240 chevaux en finitions Dynamic ou Prestige), tout comme ses rares défauts : visibilité arrière comme trois quart arrière, et son petit coffre, annoncé à 575 litres (5 portes), alors qu’il n’est pas plus spacieux que celui d’une Audi A3 (voire BMW X1 ou Mercedes GLK).

Essai - Land Rover  Range Rover Evoque SD4 : une boîte 9 pour quoi faire ?

Enfin, rappelons que l’Evoque 2014 gagne de nouvelles aides à la conduite, et peut sur certaines versions quatre roues motrices disposer d’une transmission active. Disponible en option (1 010 €) avec le SD4 bva9, le système Active Driveline permet d’améliorer le dynamisme du véhicule et sa consommation en restant en mode traction dans des conditions de conduite stables au-dessus de 25-35 km/h et réengage automatiquement les quatre roues motrices en 300 millisecondes en cas de besoin. Cette transmission active sur base Haldex propose aussi le système Active Torque Biasing comprenant un différentiel électronique (e-Diff) qui distribue le couple entre les roues arrière pour optimiser la motricité et la stabilité. De plus, le système Torque Vectoring (répartiteur de couple) renforce le dynamisme et la sécurité en redirigeant le couple entre chacune des quatre roues en cas de sous-virage. Il fait partie de l’Active Driveline et est livré en série sur Si4 et SD4 avec l’option boîte automatique.


Essai - Land Rover  Range Rover Evoque SD4 : une boîte 9 pour quoi faire ?

Sur le modèle 2014, les aides à la conduite de l’Evoque se voient renforcées avec l'introduction de sept fonctions : Park Exit (pour sortir automatiquement de places de stationnement) ; Perpendicular Park (pour garer la voiture bien au centre d’une place de parking ‘en bataille’); Adaptive Cruise Control (régulateur de vitesse adaptatif) comprenant Queue Assist, Forward Alert et Intelligent Emergency Braking (assistance embouteillage, alerte et freinage d’urgence intelligent); Closing Vehicle Sensing et Reverse Traffic Detection (pour alerter le conducteur en cas de véhicule à l’approche); Lane Departure Warning (avertisseur de changement de voie), et enfin reconnaissance des panneaux de signalisation et détection de profondeur de gué).


ZF 9HP : du neuf dans la boîte


Annoncée quelques jours avant le Salon de l’Automobile de Genève 2013, l’adoption par l’Evoque d’une transmission automatique à 9 rapports constitue une première mondiale pour un véhicule particulier, ou peu s’en faut. L’augmentation du nombre de rapports de six à neuf engendre une baisse de la consommation et donc des émissions de CO2. Les rapports plus resserrés améliorent les temps de réponse à l’accélération et la qualité des changements de vitesses. Le rapport final plus long contribue à la réduction de la consommation, mais aussi à l’insonorisation à grande vitesse. Le premier rapport de la boîte 9HP est nettement plus court que celui de la boîte à 6 rapports et se prête donc particulièrement à l’utilisation en tout-terrain et au remorquage.

Le convertisseur de couple s’appuie sur un système d’amortissement multiphases pour des démarrages en douceur. Là où la transmission à 6 rapports travaille de façon séquentielle, la 9HP dispose d’une fonction « saut de rapports » autorisant des descentes de rapports bien plus rapides.

Le nouveau système adaptatif de changement de vitesse qui s’accorde à l’humeur du conducteur (plus réactif dans des situations de conduite sportive et mode plus économique en cas de conduite souple) analyse plusieurs facteurs afin de réagir avec pertinence. La méthode des courbes, les accélérations longitudinales et la position de la pédale contribuent toutes à la gestion des passages supérieurs. Le mode « détection instantanée » permet de mesurer la rapidité de levée du pied de l’accélérateur, d’anticiper les besoins de puissance soutenue du conducteur, et donc de maintenir le rapport si nécessaire.

La boîte est très compacte : malgré ses trois rapports supplémentaires, elle n’est que 6 mm plus longue et pèse étonnamment 7,5 kg de moins que la boîte à six rapports. Cette taille réduite tient notamment à une nouvelle pompe hydraulique à palettes qui contribue à l’amélioration de l’efficacité du véhicule, deux embrayages à crabot brevetés pour remplacer les kits d’embrayage conventionnels, ainsi qu’un jeu de pignons intégré.